N'ayant pas pu ou pas su m'adapter à la nouvelle religion, je me suis recroquevillé sur moi-même et au lieu de prendre des haches pour couper les oliviers millénaires de Sidi Ahmed Charif j'ai taillée une plume d'un vieux roseau qu'un émir avait planté sur le bord d'un oued qui coule depuis le douar qui m'avait vu naître pour aller déambulant, creusant des lits aux flancs des montagnes qui cachent les secrets de Syphax dans leurs grottes depuis le jour où le roi numide fut capturé par ceux qui viennent aujourd'hui nous dire comment lire nos parchemins et tenir nos plumes. Parce que, selon les maîtres du moment, l'écriture doit aller de gauche à droite et non de droite à gauche comme nous l'enseignait Ibnou Khaldoun. Je ne suis pas poète ni artiste mais un homme qui regarde le monde passer devant ses yeux sans comprendre ni le début ni la fin de ce monde où tout m'est dicté. Mon moi je ne le trouve pas. Et d'abord qu'ai je fais pour voir ce moi surgir devant mes yeux et prendre une quelconque forme ? Ecrire ? Pleurer ? Quoi écrire et pourquoi pleurer ? Ecrire l'histoire de Zineb oh combien triste et laide ou chanter la gloire de Noun dans toute sa splendeur ?